Gabon - la persécution des proches de Sylvia Bongo ou la stratégie de la terreur. Photo: Droits réservés/Gabon Intelligent
À Libreville, plusieurs membres de la famille de Sylvia Bongo ont été « arrêtés » dans des circonstances opaques. Pendant que Brice Oligui Nguema s’affiche à Washington, la DGSS mène une opération ciblée contre l’entourage de l’ancienne Première dame, sur fond d’accusations floues et de soupçons de torture.
Le mardi 8 juillet 2025, Medhi Valentin, neveu de Sylvia Bongo, a été interpellé à Libreville par les agents de la Direction générale des services spéciaux, une branche sécuritaire (…)
Le mardi 8 juillet 2025, Medhi Valentin, neveu de Sylvia Bongo, a été interpellé à Libreville par les agents de la Direction générale des services spéciaux, une branche sécuritaire parmi les plus redoutées du pays. Aucune déclaration officielle n’a été faite à ce jour. Pourtant, selon des sources proches du pouvoir, Medhi Valentin serait soupçonné de trafic de drogue, de contrebande d’ivoire et de détention illégale d’armes et de munitions. Autant de chefs d’accusation lourds, mais énoncés sans preuve rendue publique ni cadre procédural connu, ce qui suscite de vives interrogations.
« Sous la menace de la DGSS, Mehdi aurait été contraint d’appeler Amélie »
Dans les heures qui ont suivi son arrestation, l’épouse de Medhi Valentin a elle aussi été ciblée. Réfugiée avec leur fille de quatre ans au sein d’une représentation diplomatique à Libreville, elle aurait reçu un message de son mari lui demandant de le rejoindre à un lieu précis. Ce que l’on ignorait alors, c’est que Medhi était déjà entre les mains de la DGSS. Sylvia Bongo, dans une publication sur X, évoque un piège orchestré par les services spéciaux : « Sous la menace de la DGSS, Mehdi aurait été contraint d’appeler Amélie pour lui demander de le rejoindre. Pensant le retrouver en sécurité, elle s’y est rendue… C’était un piège. » Amelie a été libérée le même jour dans la soirée.
« mise en scène grotesque »
Dans le même laps de temps, Frédéric Haffray, beau-frère de Sylvia Bongo, a été arrêté lui aussi. Plusieurs arrestations, un même modus operandi : aucun document judiciaire, aucune explication publique, mais une stratégie d’enchaînement froidement exécutée.
Parallèlement, des images de Medhi Valentin circulent sur les réseaux sociaux. On le voit prétendument entouré d’armes, de drogues, d’ivoire. Une « mise en scène grotesque », selon Sylvia Bongo, qui y voit une reproduction presque mécanique de ce qui avait été fait à l’encontre de son fils Noureddin, mis en scène à côté de valises d’argent à la télévision gabonaise peu après le coup d’État.
“Une forme de chantage ” ?
Sylvia Bongo, dans une série de publications, dénonce des actes de torture contre Medhi Valentin et Frédéric Haffray, et questionne les intentions du pouvoir : « Est-ce une forme de chantage en réponse à notre prise de parole ? Une manœuvre pour nous faire taire ? Une monnaie d’échange ? »
Le timing interroge. Moins d’une semaine après avoir brisé vingt mois de silence aux côtés de son fils Noureddin, Sylvia voit les siens arrêtés, les images manipulées, les avocats menacés. « Et voilà la réponse : des pièges, des arrestations, des images fabriquées pour terroriser, manipuler et faire taire. »
Une stratégie de la peur
Dans un message à peine voilé adressé à Donald Trump, hôte du sommet USA-Afrique à Washington où Brice Oligui Nguema est en déplacement, Sylvia Bongo accuse : « Tandis qu’il sourit devant les caméras, son régime s’en prend à nos familles, à nos proches, à nos voix. Ce que nous avons enduré pendant vingt mois, nos proches le vivent aujourd’hui dans leur propre chair. »
Le schéma devient lisible. Les signaux d’une dérive autoritaire se multiplient. Les visites d’agents de la DGSS au domicile de Me Gisèle Eyue Bekale, avocate de Sylvia Bongo, s’ajoutent à la liste. Plus rien ne semble freiner les velléités répressives du régime.
Un basculement assumé
Depuis le coup d’État du 30 août 2023, et plus encore depuis la proclamation de la victoire de Brice Oligui Nguema à l’élection présidentielle du 12 avril 2025, les masques sont tombés. L’heure n’est plus aux promesses de restauration républicaine, mais à l’exercice brutal de la force.
Sylvia Bongo résume ainsi la nouvelle ligne du pouvoir : « Deux jours à peine après les révélations… On tente déjà de réécrire l’histoire à coups de mensonges et d’intimidation. Nous ne nous tairons pas. Nous ne les abandonnerons pas. »