Une fraude électorale passée sous silence au Gabon. Photo: Droits réservés/Gabon Intelligent
Scrutin présidentiel d’avril 2025 : la Dr Francette Alta Moulanga dénonce des irrégularités flagrantes. Bulletins fantômes, pourcentages illogiques, suffrages volatilisés... Dans une analyse accablante, cette experte met en lumière les incohérences des chiffres officiels, affirmant que les résultats auraient dû être invalidés dès le premier décompte.
Libreville, capitale du Gabon, le 13 avril 2025 au soir, les résultats partiels annoncent 25 859 bulletins blancs ou nuls. Cinq jours plus (…)
Libreville, capitale du Gabon, le 13 avril 2025 au soir, les résultats partiels annoncent 25 859 bulletins blancs ou nuls. Cinq jours plus tard, dans un revirement aussi spectaculaire qu’inexplicable, ce chiffre chutait à 16 665. Soit une disparition mystérieuse de 9 194 bulletins.
Une erreur de comptage ? Un ajustement technique ? Rien n’est moins sûr. Pour certains, ces incohérences flagrantes relèvent d’un tripatouillage électoral aussi grossier que méprisant. « Peut-on être plus médiocre encore que ça ? » s’insurge la docteure Francette Alta Moulanga, qui dénonce dans une tribune virulente une opération d’illusion électorale à ciel ouvert.
« Ils comptent sur quoi pour faire passer leur imposture ? Sur le fait que personne ne prendra une calculatrice de CM1 pour vérifier. »
Elle ajoute : « Ils comptent sur quoi pour faire passer leur imposture ? Sur le fait que personne ne prendra une calculatrice de CM1 pour vérifier. » Et de démonter point par point l’absurdité des chiffres : alors que le nombre total de suffrages exprimés grimpe de 610 747 à 620 000 (soit +9 253 voix), le candidat Oligui en engrange à lui seul près de 13 000 de plus. Une performance arithmétiquement impossible, dépassant le nombre même de nouveaux suffrages. !
Alors que le nombre total de suffrages exprimés grimpe de 610 747 à 620 000 (soit +9 253 voix), le candidat Oligui en engrange à lui seul près de 13 000 de plus. Une performance arithmétiquement impossible, dépassant le nombre même de nouveaux suffrages. !
Autre incohérence : alors que l’augmentation des voix pourrait s’expliquer par la réception tardive de résultats de certains bureaux, cela ne justifie en rien la baisse du nombre de bulletins blancs, qui devrait, au pire, rester stable.
La magie des pourcentages
En toile de fond de ces chiffres mouvants : la volonté présumée de faire passer artificiellement un cap électoral crucial. « Vous avez voulu rattraper les 4,82 % de pourcentage perdus, même là-dedans, vous vous trompez encore », accuse Moulanga. Ces 4,82 % représentent plus de 24 000 électeurs – des citoyens dont le choix, estime-t-elle, mérite respect et reconnaissance.
Dans une démocratie véritable, souligne-t-elle, une irrégularité, même mineure, peut suffire à invalider un scrutin. Ici, ce ne sont pas des grains de sable, mais 800 km de côtes de sable électoral qui s’amoncellent dans un scrutin qu’elle qualifie de « parodique ».
Vous ne connaissez pas la honte
Dr Moulanga fustige enfin le silence de la communauté internationale et l’indifférence d’une partie de la population. "Ils me diront : ‘Oh, mais c’est pas grave, notre champion a quand même été élu démocratiquement !’ Quelle honte. Mais c’est vrai que vous ne connaissez pas la honte".
Et de conclure avec amertume : « Épargnez-moi vos émoticônes de tristesse ou de solidarité, si c’est pour ensuite crier : OLIGUI, PRÉSIDENT sur vos murs. »