Le retour du parti unique d’un genre nouveau . Photo: Droits réservés/Gabon Intelligent
Sous couvert de rationalisation du paysage politique, le général-président Oligui Nguema impose de nouvelles conditions drastiques pour l’existence légale des partis. Une réforme qui exclut d’emblée les formations émergentes, muselle l’opposition et consacre le règne d’un club politique fermé. Analyse d’un recul démocratique assumé.
La nouvelle réforme politique proposée par le général Oligui Nguema impose des critères quasi inaccessibles pour la reconnaissance légale d’un parti politique (…)
La nouvelle réforme politique proposée par le général Oligui Nguema impose des critères quasi inaccessibles pour la reconnaissance légale d’un parti politique au Gabon :
-18 000 membres répartis sur tout le territoire
– Un siège officiel et un compte bancaire actif
– Au moins 5 députés et 30 conseillers élus… dès les prochaines élections
À première vue, ces exigences pourraient sembler relever d’un souci d’organisation et de sérieux. Mais une lecture plus attentive révèle une tout autre réalité : celle d’une volonté claire d’exclure les voix alternatives, citoyennes ou nouvelles, du jeu politique.
Des conditions impossibles pour les partis émergents
Les questions qui se posent sont simples mais essentielles :
- Comment un parti peut-il présenter des candidats s’il n’est pas encore légalement reconnu ?
– Comment rassembler 18 000 adhérents dans un pays qui compte à peine un million d’électeurs ?
– Qui possède déjà ces réseaux et ces ressources, sinon les partis proches du pouvoir ?
La réponse est évidente : ce cadre exclut de fait les jeunes partis, les mouvements citoyens, les collectifs indépendants. Seules les grandes formations déjà intégrées au système peuvent s’y conformer. Les autres sont invitées à "fermer leurs gueules".
Le retour du parti unique masqué
Ce que certains présentent comme une modernisation n’est en réalité qu’une stratégie de verrouillage du pouvoir. Oligui Nguema, produit du système Bongo/PDG/CTRI, veut se faire passer pour le réformateur d’un ordre ancien qu’il a pourtant renforcé. Il se pose en sauveur, tout en consolidant un régime où aucune voix dissidente ne peut prospérer.
Ce que certains présentent comme une modernisation n’est en réalité qu’une stratégie de verrouillage du pouvoir.
Lors des élections du 12 avril 2025, plus de 1 200 associations informelles ont été créées à la hâte pour soutenir sa candidature. Ce théâtre politique visait à donner une apparence pluraliste à un processus électoral entièrement biaisé.
Un système manipulé de bout en bout
Le chef de la junte cherche désormais à faire oublier qu’il a lui-même promu les micro-partis et plateformes associatives, utilisés pour étouffer la véritable opposition. Il les a mis en scène, instrumentalisés, puis s’en débarrasse une fois qu’ils ont rempli leur fonction.
Le chef de la junte cherche désormais à faire oublier qu’il a lui-même promu les micro-partis et plateformes associatives, utilisés pour étouffer la véritable opposition. Il les a mis en scène, instrumentalisés, puis s’en débarrasse une fois qu’ils ont rempli leur fonction.
En prétendant "nettoyer" le paysage politique, il referme la porte derrière lui, verrouillant davantage un système où la diversité politique est sacrifiée sur l’autel de la stabilité de façade.
Une démocratie en trompe-l’œil
Derrière la rhétorique des réformes, c’est une stratégie d’exclusion et de confiscation du pouvoir qui se met en place. Le Gabon ne s’oriente pas vers une démocratie consolidée, mais vers un régime autoritaire relooké, où la seule opposition tolérée est celle qui ne dérange pas.
Le nouveau club très fermé de la politique gabonaise est donc en place. Pour les autres, la consigne est claire : circulez, y a rien à voir. Et surtout, fermez vos gueules !